La pleine conscience est la capacité à porter son attention à ce qui arrive durant le moment présent, c’est-à-dire, aux pensées, aux émotions, aux sensations physiques et à l’environnement de façon délibérée et sans porter de jugement ou poser d’étiquettes (par exemple Cette émotion est incorrecte ou Cette sensation est indésirable). Il s’agit d’une façon d’être avec laquelle nous ne sommes pas habitués de vivre. Beaucoup de nos responsabilités sollicitent notre capacité à planifier, analyser ou évaluer. Bien que ces capacités soient nécessaires, elles sont souvent sur-utilisées. Lorsqu’elles sont utilisées à outrance, elles perdent de leur efficacité et occasionnent une grande perte d’énergie et même de la souffrance, notamment, à travers des ruminations (pensées répétitives obsessionnelles), de l’anxiété (anticipation du futur).
Ainsi, la pleine conscience invite à être pleinement en contact avec l’instant présent, plutôt que de revivre le passé ou d’anticiper le futur. La pleine conscience peut être pratiquée de façon dite formelle (méditation assise) ou encore de façon informelle en s’efforçant d’être pleinement présent à chaque instant dans des activités habituelles de la journée: boire, manger, écouter de la musique, regarder par la fenêtre et ainsi de suite. Il est à noter, que la méditation de pleine conscience tire ses origines du bouddhisme, mais elle est pratiquée de façon laïque en Amérique du Nord.
Distinguer la pleine conscience de l’intervention psychosociale
La pleine conscience met l’accent sur le fait de vivre l’émotion dans le corps avant d’aller dans son expression. En intervention psychosociale, la parole et le raisonnement mental sont davantage sollicités. En pleine conscience, l’intention est de ralentir, afin de reprendre contact avec son corps avant d’aller dans la recherche de solution. Cette façon de vivre peut sembler contre-intuitive, parce qu’il est inconfortable de vivre les émotions désagréables et ne pas chercher à s’en débarrasser le plus vite possible. Conséquemment, on concentre beaucoup d’énergie dans le mental (anticiper, raisonner, penser, etc.) et ceci occasionne la déconnexion avec le corps qui est un allié au moment présent. Ainsi, on peut dire que la pleine conscience et l’intervention psychosociale sont des approches très complémentaires, car les rencontres d’intervention sont axées sur l’action et le changement et en pleine conscience, on apprend à s’accueillir pour prendre de meilleures décisions par la suite.
Comme il a été mentionné précédemment, vivre en pleine conscience n’est pas notre réflexe pour la plupart d’entre nous qui sommes Occidentaux. Ainsi, le début de la pratique nécessite de s’accorder de la patience, de la persévérance et de nourrir beaucoup de curiosité. Le cerveau sera tenté de retourner vers des modes de pensées automatiques, c’est-à-dire, de quitter le moment présent pour aller vers le passé ou le futur. Ceci est très normal, il peut être aidant de se rappeler que nous entrainons l’esprit comme on pourrait entrainer un muscle pour un sport: ce processus nécessite du temps.