La science derrière l’intelligence émotionnelle | Groupe Des Aidants du Sud-Ouest
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La science derrière l’intelligence émotionnelle

Pour débuter : qu’est-ce qu’une émotion ?

Avant de plonger dans le thème de l’intelligence émotionnelle, il est nécessaire de définir l’élément central sur lequel elle repose : les émotions. Très brièvement, une émotion est un passage d’énergie dans le corps qui incitera celui-ci à l’action. Chaque émotion joue un rôle spécifique, car elle prépare le corps à une réaction spécifique. Prenons par exemple, la peur, celle-ci apparait dans le corps sous forme de sensation qui déclenchera une activation du flux sanguin vers les muscles pour préparer le corps à réagir. Au niveau cognitif, l’attention se fixera sur la menace qu’elle soit réelle ou imaginée. Ainsi, toute émotion qui émerge est le résultat de l’interprétation subjective d’une personne devant une situation. Cette interprétation subjective est basée sur tous ses apprentissages, qu’ils soient conscients ou non, en lien avec son passé. 

Le pouvoir du cerveau émotionnel 

Il est important de souligner que le cerveau est composé de deux esprits, l’un pense et l’autre ressent. Lorsque nous parlons d’intelligence, celle-ci prend une forme différente dans chaque cas. Il existe normalement un équilibre entre ces deux esprits (le rationnel et l’émotionnel). Tout de même, le cerveau émotionnel a le pouvoir de dominer sur l’esprit rationnel lorsqu’une menace est perçue. Avez-vous déjà remarqué qu’il est très difficile de réfléchir d’une façon efficace sur un sujet lorsque nous nous sentons très tristes ou en colère? Ceci rappelle le grand pouvoir du cerveau émotionnel sur les autres structures cérébrales. 

Mais pourquoi donc, d’un point de vue biologique, est-il aussi difficile d’avoir un raisonnement rationnel lorsqu’une émotion intense est présente ? 

Le système limbique, aussi appelé le cerveau émotionnel, regroupe les structures cérébrales qui régissent les comportements motivés par les émotions. Ainsi, c’est ce système qui examine chaque situation en étant attentif aux éléments dans son environnement qui pourraient lui nuire. Le simple fait de ne pas aimer un détail peut provoquer une réaction et envoyer une alerte dans le corps. Le cerveau émotionnel prend alors le contrôle du cerveau y compris la partie liée à la raison. Plus précisément, ce sera l’amygdale, qui fait partie du cerveau émotionnel, qui déclenchera le système d’alarme. Son rôle est de décoder les stimuli extérieurs afin de déclencher une réaction comportementale en lien avec la situation qu’elle a jugée comme une menace. Cette réaction comportementale sera différente pour chacun.  

L’organisme d’une personne peut avoir appris que lorsque la peur émerge, une réaction qui procure une sécurité temporaire est de fuir la situation jugée menaçante. Rappelons-nous que l’interprétation se base sur toutes expériences passées qui pourraient avoir des similitudes avec l’évènement, que ce soit de petites ou très grandes similitudes. Ceci est expliqué par le fait que le circuit de l’amygdale est un raccourci cognitif qui permet de déclencher le plus rapidement possible une réaction pour protéger l’organisme. Toutefois, cette réponse rapide ne permet pas d’offrir une réponse adaptée à la situation considérant que la région qui assure un traitement de l’information complet qui implique l’esprit rationnel, le néocortex, est détourné.  Par exemple, c’est ce qui se passe lorsque nous ressentons l’anxiété : le système fixe l’attention sur la menace imminente et n’est plus intéressé à d’autres choses, afin de mobiliser l’organisme pour faire face à la menace. L’inquiétude chronique ne permet pas de se rapprocher d’une solution satisfaisante considérant que les structures cérébrales associées à la résolution de problème ne sont pas irriguées du flux sanguin, c’est-à-dire nourries. Rappelons-nous que le sang est dirigé vers les organes du corps qui lui permettent de fuir ou de se battre. Dans cette situation, où l’émotion de l’inquiétude domine la raison, le cerveau est dans une forme d’immobilisme cognitif. On peut dire que le contenu de notre mémoire dépend de notre état émotionnel.

Pour résumé, le circuit de l’amygdale est très primitif et associé à la survie. Il permet d’offrir une réponse très rapide, car il prend en compte de moins d’information. Dans d’autres mots, ce que l’on gagne en vitesse, se perd en précision et a pour conséquence de déclencher une réaction moins appropriée considérant qu’il n’y a pas un équilibre entre l’esprit rationnel et émotionnel. On pourrait dire qu’une émotion est précognitive lorsqu’il n’y a que le circuit de l’amygdale impliqué dans l’interprétation d’une situation, car celui-ci permet de percevoir seulement qu’un début d’information, afin de partir l’alarme. L’émotion est suscitée avant même que la pensée (qui se passe au néocortex) n’apparaisse.

Définir l’intelligence émotionnelle

Devant la constatation de la dominance du cerveau émotionnel, il peut être intéressant de considérer la place et l’importance de l’intelligence émotionnelle, c’est-à-dire la capacité à reconnaitre ses émotions et ses réactions automatiques liées à celles-ci, afin de reprendre du pouvoir sur les automatismes qui peuvent impacter notre vie. Attention, l’intelligence émotionnelle n’est pas le fait de ressentir beaucoup d’émotions, ou à l’inverse,  de les bloquer. Cette forme d’intelligence reconnait pleinement la présence des émotions et de leur apparition incontrôlable. Une personne intelligente émotionnellement est en position d’être au contact des émotions qui apparaissent et est capable de faire un choix de la réaction qu’elle désire avoir devant l’émergence d’une émotion. Ceci peut impliquer de devoir prendre des pauses pour réduire l’impulsivité liée à l’intensité émotionnelle ou le désir d’éviter certaines émotions. L’intelligence émotionnelle se reconnait par la flexibilité de l’esprit ou à sa capacité à s’adapter à toutes sortes de situations. 

Ainsi, en sachant que le cerveau émotionnel va déclencher des réactions routinières apprises dans les moments émotionnels du passé, il est nécessaire de pratiquer des stratégies saines pour qu’elles deviennent plus naturelles dans le répertoire émotionnel lors de moment de crise ou le cerveau sera tenté de réagir de façon automatique. Nous vous invitons à consulter une intervenante psychosociale afin d’approfondir cette réflexion.

Mélanie Branchaud

Mélanie Branchaud

coordination@gaso.ca