Il existe 5 composantes à l’intelligence émotionnelle, selon le psychologue Daniel Goleman, qui s’enchaînent et qui permettent de mieux saisir et maîtriser ses émotions dans un contexte donné. Dans le présent article, nous l’adapterons au contexte de la proche aidance.
Cette composante a pour but de prendre conscience et connaître les pensées, émotions et les sentiments que l’on ressent dans le moment présent. Nous pouvons également ressentir l’intensité de notre émotion, par exemple, et elle nous conscientise sur les actions que l’on va prendre pour les écouter et les conséquences futures qui vont en découler. Elle a comme mission aussi de filtrer les commentaires nuisibles que nous pouvons recevoir et nous permettre de réfléchir et de ne pas réagir à la provocation que le commentaire nous aura amenée.
Exemple : Vous parlez avec de bonnes copines autour d’un repas et celles-ci vous demandent comment votre situation de proche aidance va. Après une réflexion avec vous-mêmes, vous décidez de leur parler de votre dépassement, votre grande fatigue et la grande tristesse qui vous habite de voir votre proche perdre autant d’autonomie si rapidement. Une de vos amies vous dit tout de suite après votre tour de parole : quand est-ce que tu vas le placer? Cette question fait monter en vous une grande frustration et vous vous sentez provoqué-e par sa question, car vous n’avez pas vous-mêmes exploré l’hébergement possible. Après accueil et réflexion de votre frustration à l’intérieur de vous-même, vous vous rappelez que votre amie n’a jamais été proche aidante encore et n’est donc pas experte de la situation. Vous lui répondez alors simplement que vous n’êtes pas encore rendue là dans le moment et changez de sujet.
2. La motivation
La motivation peut être perçue comme le moteur d’intérêt qui amène la volonté de comprendre, entendre ou maîtriser une émotion qui nous habite. Elle vise souvent un objectif.
Exemple : Vous vivez constamment de la colère face à des répétitions constantes venant de votre proche. Cependant, vous avez envie que votre relation avec votre proche soit différente et que vous n’ayez pas à cohabiter avec ce sentiment de colère et d’impatience. Vous décidez alors d’entreprendre une démarche avec une intervenante pour trouver des astuces pour vous aider à la gérer.
3. L’autorégulation
L’autorégulation permet une maîtrise des émotions qui nous habitent, ce qui nous permet de l’adapter à l’environnement où celle-ci surgit. Il est possible d’apprendre à gérer certaines émotions tout comme il est possible d’apprendre à vivre une émotion plus intense à l’aide d’images mentales que l’on peut joindre à l’émotion vécue.
Exemple pour maîtriser une émotion présente: Vous vous occupez de votre proche que vous devez amener à son rendez-vous chez le médecin. Celui-ci prend une éternité à s’habiller et à se préparer et vous sentez que vous allez devoir vous dépêcher pour ne pas être en retard. Vous sentez monter en flèche une colère qui vous dicte d’aller dire à votre aidé-e de se dépêcher, qu’il prend trop son temps et qu’il fait toujours tout pour vous mettre en retard. Cependant, dans votre élan, vous vous arrêtez et vous allez dehors contempler le beau temps. Vous prenez quelques respirations qui réduisent votre colère.
Exemple qui peut amplifier une émotion présente : Vous vivez le deuil de votre proche et avez une grande tristesse toujours bien présente au creux de votre estomac. Vous êtes en train de vider les choses de la personne aidée et trouvez soudainement quelque chose qui vous rappelle un souvenir avec votre proche, les larmes montent toutes seules et commencent à couler sur vos joues.
4. L’empathie
L’empathie est une qualité qui nous permet de nous mettre à la place d’une autre personne et comprendre les émotions et sentiments qui l’habitent, sans pour autant les vivre avec elle (ce que l’on nomme la sympathie).
Exemple : Vous voyez votre proche essayer de manger son bol de céréales par plusieurs façons autres qu’avec sa cuillère et ressentez en vous une émotion forte qui vous fait réaliser comment cela doit être difficile avec sa maladie de pouvoir faire comme avant et prendre sa cuillère.
5. Les compétences sociales
Les compétences sociales nous permettent d’interagir de façon harmonieuse avec d’autres personnes, peu importe le contexte, tout en acceptant les différences et en les comprenant. La maîtrise de soi et l’empathie mise en œuvre peuvent faciliter les compétences sociales.
Exemple : Vous participez pour la première fois à un groupe de soutien. Une personne à vos côtés parle d’une situation avec sa conjointe que vous vivez également avec votre proche et cela vous permet de comprendre ce qu’elle peut vivre. En retour, vous lui racontez comment vous avez vécu quelque chose de similaire avec votre proche et lui apportez la solution que vous avez mise en place pour aider à la situation, il vous remercie chaleureusement pour votre soutien.