Chacun-e de nous assume plusieurs rôles chaque jour selon l’environnement et les personnes avec qui nous sommes. Nous changeons de rôle quotidiennement de façon inconsciente. À titre d’exemple, lorsque je suis avec mon enfant, j’assume le rôle de mère, donc j’adopterai certains comportements propres à ce rôle. Pour poursuivre l’exemple, lorsque je vais au magasin, j’adopte un rôle de consommatrice qui va payer ses produits avant de partir, par la suite, je vais prendre un café avec une amie en employant d’autres comportements qui sont inclus dans ma conception de l’amitié. Cette simple mise en situation permet de démontrer la façon dont chacun de nos rôles nous aide à définir quels comportements adopter selon le contexte. Chacun de ces rôles organise nos vies en regroupant un ensemble de comportements adaptés au contexte. Les responsabilités que nous assumons vont différer selon le rôle dans lequel nous nous trouvons.
D’autre part, il existe une trajectoire « idéale » ou « typique » des rôles attendus selon la période de vie dans laquelle nous nous trouvons. Par exemple, lorsque je suis enfant, il est attendu que j’assume ce rôle et non celui du parent. Avec le temps, nous nous investissons dans le monde et nous développons d’autres rôles dans lesquels nous nous engageons. Parfois, c’est nous qui décidons de nous impliquer dans un rôle, parfois les circonstances de la vie ne nous laissent pas vraiment le choix. Aussi, chacun des rôles qui composent notre vie s’influence entre eux. Par exemple, mon rôle de mère influencera les décisions que je prendrai quant à mon rôle de professionnelle.
Ainsi, la proche aidance est un rôle qui peut venir bouleverser la dynamique de nos autres rôles d’une façon assez déstabilisante. Cela étant dit, il est très probable de se sentir confus dans le fait d’avoir des rôles contradictoires, notamment en étant l’enfant de son parent, mais aussi en assumant des responsabilités traditionnellement associées à la parentalité en prenant soin de lui. La proche aidance peut en venir à prendre beaucoup de place et à en laisser moins aux autres rôles.
Conséquences possibles de ces bouleversements pour la personne proche aidante
Voici quelques conséquences que peuvent avoir les changements de rôles en contexte de proche aidance sur la relation initiale avec la personne aidée et sur la personne proche aidante elle-même.
Une perte d’identité : il est possible que la personne proche aidante se sente en fusion avec la personne dont elle prend soin à force de combler ses divers besoins.
Une perte de la relation primaire avec la personne aidée : il se peut que la personne proche aidante autant que la personne aidée ressentent que les bouleversements de rôles affectent le lien primaire qui les unit et que celui-ci soit laissé de côté et non entretenu avec le temps.
Une surimplication dépassant l’autonomie de la personne aidée : les changements vécus au sein des rôles peuvent amener la personne proche aidante à ressentir une pression de devoir anticiper les besoins possibles de la personne aidée et à en faire davantage que ce dont l’aidé-e aurait réellement de besoin. Ceci peut-être entre autres dû à la préséance du rôle de proche aidant-e sur les autres rôles.
De l’isolement : la personne proche aidante peut s’éloigner de ses activités sociales pour constamment veiller sur la personne aidée, par crainte de ne pas pouvoir prévoir une problématique et rapidement y trouver une solution.
Il y a une forte chance aussi de vivre des émotions de frustrations, de peine et de culpabilité d’avoir à occuper un rôle que l'on associe habituellement à celui de «parent» (prendre soin, veiller à la sécurité d'autrui, encadrer, etc.), alors que ce n’était pas ce à quoi on s’attendait en se projetant dans le rôle de proche aidant-e.
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