Mieux comprendre le stress et l'anxiété est une étape clé en vue de développer des mécanismes de résilience face à ces réactions inconfortables. Afin de bien saisir ce qui distingue ces deux phénomènes, nous vous proposons d'abord de nous pencher sur la définition du stress en explorant une métaphore simple proposée par Sonia Lupien, neuroscientifique et professeure à la faculté de médecine de l’Université de Montréal. Cette dernière nous explique ce qu’est le stress à partir de l'exemple du mammouth : bien que nous ayons évolué depuis l'époque préhistorique, nous voyons encore chaque problème comme de gros mammouths qui risquent de nous mettre en danger. Le stress est ainsi défini comme une réponse physiologique normale provoquée par une menace qui nous est réelle. De telles réactions de stress peuvent entre autres survenir dans quatre contextes identifiés et résumés sous l’acronyme «CINÉ» dans les recherches de Sonia Lupien :
C : Contrôle. Exemple : je n’ai pas de contrôle sur un soin apporté à mon procheaidé. Je crains que les personnes responsables de ce soin s’y prennent mal avecelle ou lui, entrainant un possible rejet de ces services par l'aidé.e vu la situation.
I : Imprévisibilité. Exemple : mon proche aidé, qui n’a plus usage de ses jambes,oublie qu’il n’est plus capable de se lever et de marcher normalement sans monaide. Alors que normalement il ne se lève jamais sans me prévenir, il se lève ettombe sur la table à café ; cela me fait sursauter et je stresse, car je ne m’y enattendais pas et que je crains que ça arrive à nouveau.
N : Nouveauté. Exemple : mon proche s’en va en hébergement temporaire pourune semaine et je m’inquiète à savoir comment cette situation nouvelle va sepasser à mes yeux et à ses yeux.
É : Égo menacé. Exemple : je suis à l’hôpital avec mon proche qui a chuté et lesmédecins et infirmier.ière.s qui s’en sont occupés ne reconnaissent pas mon statutd’aidant.e et refusent de me partager les soins qui lui sont attribués, ainsi que laliste de médicaments qu’il doit prendre. Je me sens inutile à leurs yeux.
Dans une journée, nous vivons continuellement du stress provoqué par un de ces quatre contextes. Souvent le stress pourra diminuer lorsque l’évènement sera réglé ou suivi.
Alors, qu'en est-il de l'anxiété ?
Dans le cas de l’anxiété, les émotions auxquelles nous faisons face émergent d'un problème que nous anticipons. Ainsi, plutôt que d'être face à un «mammouth» bien réel, nous imaginons ce qui peut nous arriver dans le futur. Face à ces projections et ces pensées, notre corps répond en nous faisant vivre plein d’émotions inconfortables pouvant provoquer divers symptômes : respiration accélérée, pensées envahissantes, maux de tête et étourdissements, perte d'appétit, etc. La différence entre le stress et l’anxiété repose donc sur leur élément déclencheur respectif : pour le stress la menace est réellement présente alors que pour l'anxiété la menace est projetée. Comme le cerveau ne fait pas la différence entre une menace réelle et une menace anticipée, il envoie la même réaction physiologique.
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