En abordant les enjeux de la proche aidance au féminin, le GASO espère susciter des réflexions qui aideront à ouvrir la voie à un meilleur partage des responsabilités liées à la proche aidance, ainsi qu’à prioriser les structures sociales favorisant le soutien des proches aidantes.
Les défis de la proche aidance au féminin
Le 8 mars marquera la Journée internationale des droits des femmes et pour l’occasion, le GASO souhaite souligner à grands traits le rôle qu’occupent les femmes en proche
aidance. Alors que depuis plusieurs années, le système des soins de santé s’oriente de plus en plus vers le soutien à domicile, on note que ce sont majoritairement les femmes qui se sont mobilisées afin de remplir le rôle de proche aidante. En effet, elles représentent 58% des personnes proches aidantes au Québec.[1]
Ainsi, nous souhaitons d’abord et avant tout revendiquer la valorisation et l’importance du travail non rémunéré endossé majoritairement par les femmes proches aidantes. Si les politiques publiques parlent de la proche aidance comme d’un choix libre et éclairé, « pour 42,3% des proches aidantes, ce rôle a été accueilli comme une contrainte qu’elles n’ont pas choisi d’assumer et dont elles considèrent ne pas pouvoir se défaire. »[2] De plus, les femmes proches aidantes sont plus nombreuses à faire face à des obstacles économiques les confrontant à de faibles revenus.[3]
Un même rôle, mais des responsabilités distinctes
Une récente étude menée par le Conseil du statut de la femme soulève que les femmes sont plus nombreuses à consacrer des heures destinées à l’aide et aux soins d’un proche, particulièrement lorsque le temps de soutien hebdomadaire requis dépasse 4 heures.[4] Cette prise en charge significative des soins d’un proche amène plusieurs femmes à devoir réorganiser leur emploi du temps. Plusieurs aidantes doivent même aller jusqu’à s’écarter de la sphère publique afin de remplir ce rôle, ce qui peut fragiliser leur statut financier et provoquer de l’isolement. Dans les faits, « on dénombre davantage de femmes proches aidantes ayant un faible revenu. »[5]
Cette étude met aussi en évidence qu’en proche aidance, la nature des tâches accomplies par les femmes se différencie de celles généralement effectuées par les hommes. La Figure 2 nous permet de comprendre que les femmes composent avec une plus grande diversité de tâches et répondent à des besoins qui demandent un grand investissement personnel.[6] Les traitements médicaux, les soins personnels, les travaux domestiques et le soutien émotionnel sont de bons exemples de ce type d’investissement. Dans bien des cas, l’aidante se retrouve à jouer le rôle de psychologue, d’infirmière, d’avocate, de comptable, de travailleuse sociale, et cela, sans jamais avoir même pratiqué dans ces domaines.
Notons que dans le contexte pandémique que nous vivons, il est important de souligner que la diminution de l’accès à des services de soutien à domicile, couvrant principalement ces tâches typiquement féminines ont alourdi considérablement le travail non rémunéré accompli majoritairement par les femmes proches aidantes. Dans un contexte où une telle aide peut être particulièrement difficile à accepter de la part de l’aidante, son retrait peut être d’autant plus frustrant en plus de générer de lourdes conséquences psychologiques et physiques chez les proches aidantes.
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